Athlètes pour le changement

Athlètes pour le changement

A chaque évènement sportif, ils sont propulsés sous le feu des projecteurs. Au-delà de leurs performances sportives, ce sont désormais tous leurs faits et gestes qui sont à la fois admirés, scrutés, décortiqués par le public : les athlètes sont devenus des modèles. Et ils sont de plus en plus nombreux à utiliser cette notoriété pour défendre des causes qui leur tiennent à cœur : lutte contre le changement climatique, protection de la biodiversité ou encore préservation des ressources...

Entre exigences de carrières sportives et convictions sincères, une question s’impose à eux : comment conjuguer engagement écologique et vie d’athlète de haut niveau ?

Prendre conscience de son impact, le début de l’engagement

Il existe sans doute autant de raisons pour les athlètes de s’engager que de disciplines sportives. Pour les athlètes pratiquant un sport de plein air, c’est souvent l’immersion au cœur de la nature qui est à l’origine d’une prise de conscience.

Ce fut le cas pour Alice Modolo, apnéiste : « je pratique un sport où l’on évolue en milieu naturel, j’ai appris à ressentir la vulnérabilité et la puissance de l’environnement, de la nature ».

Pour d’autres, c’est la compréhension de son propre impact qui provoque le déclic, comme pour Sarah Guyot, athlète olympique en kayak : « j’ai eu la chance de calculer mon bilan carbone en tant qu’athlète de haut niveau grâce à Carbone 4 et le Nouvel Obs.

Le résultat était catastrophique, j’en étais à 21 tonnes de CO2 par an, notamment à cause des déplacements à l’étranger ». C’est près de 10 fois plus que l’empreinte carbone cible pour chaque français pour respecter les objectifs fixés par l’accord de Paris…

« Mais si on fait partie du problème, on fait aussi partie de la solution » reconnaît Sarah Hanffou, athlète olympique en tennis de table. « Nous sommes tous concernés : athlètes, spectateurs, prestataires, sponsors... Chacun doit mettre son énergie ».

Et pourquoi pas en devenant de véritables ambassadeurs engagés lors des évènements sportifs ou directement auprès de leur public ? Emmanuel Schaller, ancien volleyeur professionnel, l’a bien compris : « les athlètes sont influents, ils sont médiatisés, ils peuvent porter des messages pendant les compétitions, mais aussi en dehors ».

Cette figure d’exemple et d’autorité leur permet de « jouer un rôle éducatif au respect de la nature, auprès de leur communauté, en faisant passer des messages pour moins gaspiller, être plus écoresponsable, pour avoir un impact positif sur l’environnement de tous les jours », confirme David Larose, ancien athlète olympique de judo. Thimoté Polet, skipper professionnel, en est persuadé : il est possible de faire évoluer les choses à son échelle, « les actions individuelles poussent aux actions collectives et agissent sur le débat public (…). Je pense que ça bouge dans le bon sens. Peut-être pas assez vite, mais ça bouge ! »

Entre convictions et réalités : l’épreuve des contradictions

Ils sont nombreux à adopter des gestes plus responsables dans la pratique de leur sport mais aussi dans leurquotidien. Arnaud Assoumani, athlète paralympique en athlétisme, a changé quelques habitudes : « j’ai adopté la marche et le vélo pour me déplacer quotidiennement, je choisis des lieux de stage accessibles sans avion, j’ai beaucoup réduit la viande, je n’achète presque plus rien de neuf… ». Sarah Hanffou « essaye d’acheter en circuit court et d’utiliser moins la voiture ».

Mais tout ne dépend pas de leur seule volonté, car il arrive que la réalité d’une carrière de haut niveau impose des comportements peu vertueux, malgré eux. « Si une compétition a lieu a l’autre bout du monde, nous n’avons pas le choix que d’y aller, et donc de prendre l’avion, parfois pour seulement quelques jours, et plusieurs fois par an. Nous n’avons aucune prise sur le choix des lieux de compétitions, et je ne peux pas sauter en visio conférence… » explique Arnaud Assoumani.

Alors, faudrait-il boycotter ? Pour lui, c’est plus compliqué que cela : « Si je boycotte, je ne gagne pas de médaille, si je ne gagne pas de médaille, je ne gagne pas ma vie ni ce qui me permet de porter des messages positifs auprès de ceux qui nous suivent » .

 

Agir, pour transformer le sport de l’intérieur

Pour aller plus loin, certains ont décidé de faire changer le sport de l’intérieur. C’est notamment le cas de Lenaïg Corson, joueuse de rugby qui incite son club, le Stade Français à changer ses habitudes « ne pas utiliser de bouteilles en plastique, privilégier la gourde à chaque entraînement, essayer d’éviter les aliments industriels emballés dans du plastique au goûter ou venir à l’entraînement à pied ou en vélo ».

De nombreuses initiatives voient le jour. Sarah Hanffou engage tout son écosystème et en particulier ses sponsors, maillon essentiel de l’économie du sport : « En tant qu’athlète, j’ai choisi un sponsor très engagé sur ces questions-là. Ensemble, nous avons créé des bornes de récupération des revêtements usagés, et implanté ce système dans 350 clubs en France. 4 000 revêtements ont déjà été récupérés ».

Elle a également créé la marque Tako, développée grâce à l’incubateur de Paris 2024 et de l’Agence Française de Développement (AFD), qui fabrique des tables de ping pong 100% made in Ghana. Laetitia Bambara, ancienne athlète professionnelle en lancée du marteau, « souhaite donner une seconde vie à des paires de chaussures collectées en France, puis données à des athlètes au Burkina Faso ».

Pour Arnaud Assoumani, son rôle d’ambassadeur Paris 2024 ne se limite pas à de la représentation lors des événements : « je veux pouvoir donner mon avis, représenter la parole des athlètes, faire en sorte que l’accueil des Jeux en France soit utile pour l’inclusion, l’éducation, la transformation écologique ».

Et pour d’autres, la volonté d’agir dépasse le monde du sport. Amoureux de la montagne, Emmanuel Schaller, ancien volleyeur professionnel, a lui aussi choisi une profession qui pour lui a du sens : en rénovant une ancienne ferme d’alpage, il a installé son atelier de torréfaction, Montagnes Cafés, qui propose des cafés locaux et responsables, retraçables de l’arbre jusqu’à la tasse !

Leurs attentes pour les Jeux de Paris 2024 : ouvrir la voie vers des événements plus responsables

Dans ce contexte, et à l’aube d’accueillir les prochains Jeux Olympiques et Paralympiques d’été, les athlètes ont de réelles attentes pour Paris 2024. Emmanuel Schaller aimerait « que les Jeux de Paris soit des Jeux école sur ces questions. Pour échanger et partager avec les comités d’organisation suivants, et notamment Los Angeles, pour qu’ils prennent la suite ». Reproduire les engagements énoncés par Paris 2024, c’est aussi ce que souhaite David Larose, « sur d’autres évènements, à d’autres échelles » et qu’ils aident « à garder ces bonnes pratiques dans le quotidien, pour que cela perdure ».

Pour Paris 2024, qui s’est engagé à livrer un nouveau modèle de Jeux, c’est un défi du quotidien, comme l’explique Amadea Kostrzewa, Manager Mobilisation Environnement et climat : « Nous sommes guidés par un objectif : diviser par deux l’empreinte carbone des Jeux. C’est pourquoi nos Jeux reposent sur 95% d’infrastructures existantes ou temporaires, et nous travaillons à réduire l’impact de chaque activité comme l’alimentation, l’énergie, le transport, les constructions… Nous voulons que ces Jeux servent de laboratoire et impulse de nouvelles pratiques dans l’organisation d’évènements, et surtout que nos athlètes soient fiers d’y participer ! ».

 

Ces déclarations ont été recueillies lors du ChangeNOW Summit 2022 dans le cadre de l'initiative Athletes for Change créée par Paris 2024 et les Etoiles du Sport. Rencontrez de nouveaux athlètes engagés lors de la 5ème édition du Sommet ChangeNOW 2022. Sommet ChangeNOW en mai 2023

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